
Boulangeries, bars… Au fil des décennies, les commerces de Tréhou ont cessé leur activité, jusqu’au bar-restaurant-épicerie, propriété de la communauté d’agglomération du Pays de Landerneau-Daoulas. Ce dernier établissement ferme en 2018, après trois gérances successives. Deux années plus tard, pour relancer le dossier, la nouvelle équipe municipale décide de questionner les habitants sur la vocation de ce lieu. « Notre réflexion rejoignait justement celle d’un petit groupe de citoyens désireux, lui-aussi, de recréer un espace de vie sur le village », témoigne Emmanuelle Nicolas, adjointe au maire au moment de la réflexion et actuelle coprésidente de l’association « Notre commerce au Tréhou ».
125 questionnaires, remplis par les habitants, confirment ce besoin. En octobre 2020, ils sont 80 à se retrouver lors d’une réunion publique organisée par la mairie. Ensemble, ils lancent le collectif « Notre bistrot au Tréhou », qui orientera la réflexion du projet vers la création d’une Société coopérative d'intérêt collectif (Scic). « Nous avons à ce moment sollicité l’accompagnement d’un réseau de soutien à l’innovation sociale en Bretagne, le Tag29 », poursuit la coprésidente. En avril 2021, malgré la crise sanitaire, le collectif parvient à organiser un marché de produits locaux tous les mercredis, sur la place centrale du village, sur laquelle donne le bar-restaurant-épicerie fermé. C’est un véritable succès, avec une fréquentation qui dépasse les frontières de la commune. Le collectif décide alors d’ouvrir le commerce tout l’été, sur le temps du marché ainsi que le dimanche matin. Il propose également un programme d’animation : concerts, contes, ateliers…
Tout est pensé avec les futurs occupants
Fin septembre 2021, la communauté d’agglomération vend pour 123 000 euros le rez-de-chaussée du commerce à la municipalité de Tréhou, qui par ailleurs possède déjà la Licence IV. La commune prend alors en charge les travaux d’aménagement pour rendre le lieu plus convivial et fonctionnel avec notamment une inversion entre les espaces bar et épicerie. Tout est pensé en étroite concertation avec le collectif - qui s’organise à ce moment en association « Notre commerce au Tréhou » -, ainsi que la future gérante, Fabienne Kermarc, une habitante en reconversion professionnelle. La décoration et une partie du mobilier proviennent de dons et d’une recyclerie proche. Un coin enfant et une bibliothèque sont également aménagés. Pour l’automne, le marché hebdomadaire s’abrite dans une petite salle communale attenante au commerce. Le programme d’animations devient annuel et s’enrichit des propositions d’habitants et d’associations qui s’approprient peu à peu le lieu : ateliers de travaux manuels, café après les cérémonies religieuses, repas d’assemblées générales...
Un rôle bien défini pour chacun
Un comité de pilotage, composé de trois élus, de deux membres de l’association dont la future gérante. Accompagnés par Tag29 et l’Union régionale des Scop de l’Ouest, ils définissent dans le même temps la future gouvernance du lieu, en s’appuyant sur la visite de projets similaires sur la région. La Scic SARL Les Orties voit ainsi le jour en mars 2022. Elle est dotée de quatre collèges : les fondateurs (mairie et association), la gérante recrutée en avril, les producteurs et enfin les particuliers et entreprises. Chacun désormais remplit un rôle bien défini. L’association s’occupe des animations, de la communication, du bénévolat et des adhérents. La gérante est responsable de la gestion financière ainsi que de la stratégie commerciale. Elle s’occupe de l’épicerie et du bistrot avec l’aide d’une seconde salariée recrutée peu de temps après. Elles entretiennent les lieux, renouvellent la vitrine et la décoration. La gestion du bâtiment, le soutien logistique et l’aide financière, via un loyer modéré, sont à la charge de la municipalité. Le bistrot-épicerie-tiers-lieux Les Orties ouvre officiellement le 1er mai 2022.
Service et convivialité
« Le loyer mensuel de 325 euros a été offert les six premiers mois, commente la coprésidente. Avec la partie attenante au bistrot, qui était elle aussi louée à une autre activité jusqu’à l’automne 2023, les loyers perçus couvraient les mensualités du prêt. » Dès la première année, l’activité du bistrot-épicerie a dépassé le prévisionnel. Le lieu central, acquis et aménagé par la municipalité, a été selon Emmanuelle Nicolas, une des clés de la réussite du projet. Mais la force du projet va bien au-delà. Les liens qu’il a suscité entre les habitants n’ont à ses yeux pas de prix. L’association avait fédéré une centaine d’adhérents à sa création. Une cinquantaine en sont toujours membres deux ans plus tard. Des concerts font le plein, tandis que des habitants y mènent des actions comme des cours de breton, des concerts... Tout cela dans les locaux d’une épicerie ouverte à des horaires atypiques (jusqu’à 23 heures le vendredi par exemple), quarante-trois heures par semaine et propose plus de 1 200 références (alimentaires, produits cosmétiques et d’entretien), dont les deux tiers viennent d’une cinquantaine de producteurs locaux. « Les habitants de tous âges s’approprient le lieu, qui prend sa réelle dimension de tiers-lieu », témoigne Fabienne Kermarc, la gérante salariée.
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